Toutes les plantes cultivées possèdent un lieu où leur ancêtre sauvage a été repéré. En ce qui concerne le safran, le mystère est épais. Sa présence est attestée depuis qu’il existe une mémoire écrite ou picturale. Il accompagne les premières civilisations en Mésopotamie ou au Cachemire depuis plus de 4000 ans.
Mais parmi les 80 espèces de crocus qui existent de la Méditerranée à l’Iran, on ne connaît aucun ancêtre sauvage au crocus sativus. Son propre pollen ne le fécondant pas, il est stérile, alors qu’il possède un appareil reproducteur complet.
Immédiatement, on pense à un hybride qu’un insecte aurait pu opérer.
Quelqu’un aurait alors arraché l’oignon portant cette jolie fleur, l’aurait replanté et multiplié. La culture s’en serait ensuite répandue en Orient.
Puis l’invasion tartare aurait porté le safran en Chine, et de leur côté, les croisés l’auraient importés en Europe.
La dissémination du safran se fait à un rythme plus lent que celles des plantes qui se reproduisent par graines. Effectivement, au mieux, la quantité de bulbes producteurs de fleurs de safran double tous les deux ans (avec un bulbe unique il faudrait entre 10 et 14 ans pour produire 1 gramme de safran sec). C’est pourquoi, né quelque part entre la Turquie et l’Inde, le safran a mis 2000 ans avant de se répandre tout autour de la Méditerranée. De plus, il est impossible de stocker au sec la ressource, le crocus doit impérativement être mis en terre chaque année.
L’implantation en France, faite par le retour des croisés, commence dans l’Albigeois, puis s’étend dans tout le reste du pays. Le 16è siècle, marque l’apogée de la culture du safran en Occident.